1. « Existant en forme de Dieu, il n'a point regardé son égalité avec Dieu comme une chose à retenir absolument. » Lorsque nous avons réussi à nous assurer une position élevée que ce soit en politique, en affaires ou même à l'église, nous nous inquiétons naturellement de la possibilité de perdre ce que nous avons acquis. « Sans repos est la tête qui porte la couronne ». Mais le Fils de Dieu abdiqua volontairement Sa couronne, motivé par l'agapé.

 

2. « Il s'est dépouillé lui-même », « Il s'est vidé lui-même. » Nous humains sommes toujours prêts à nous battre jusqu'à la mort pour défendre notre honneur ou notre réputation. Mais nos actes héroïques ne ressemblent guère au dépouillement de Christ; en fait, quelqu'un pourrait même livrer son « corps pour être brûlé » ( 1 Corinthiens 13.3 ) et manquer d'agapé. Paul voulait par cette expression montrer que le Christ avait volontairement et éternellement renoncé à tout ce qui Lui était cher, ce qui aurait été impossible sans l'agapé.

 

3. « Il a pris la forme d'un serviteur [d'un esclave]. » Pouvez-vous imaginer une vie plus décourageante que d'être forcé à travailler, sans salaire ni remerciements? Les anges sont appelés « des esprits... envoyés pour exercer un ministère » en notre faveur ( Hébreux 1.14 ). Que Jésus soit devenu notre serviteur comme eux aurait déjà constitué de Sa part une grande condescendance, Lui qui était leur Commandant. Mais Il s'humilia encore davantage.

 

4. « Il est devenu semblable aux hommes », « inférieur aux anges » ( Psaumes 8.6, version KJV). Il n'est pas venu au monde dans la splendeur majestueuse et éclatante qui entourait Adam au moment de sa création (comme nous le dépeint la Genèse), mais Il s'est abaissé au niveau de l'homme déchu, de la dégradation profonde et typique de l'époque gréco-romaine. Aucun être humain ne sera jamais tombé si bas que le Fils de Dieu ne soit Lui-même descendu à son niveau et ne puisse l'atteindre. Que l'agapé s'empare une fois seulement de notre coeur et toute trace de cet esprit pharisaïque de supériorité spirituelle (je suis plus saint que toi) fondra en Sa présence; il deviendra alors possible pour nous aussi d'atteindre le coeur des autres.

 

5. « Il a paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même. » En d'autres mots, Il n'est pas né dans l'opulence ou la somptuosité d'un palais royal comme celui d'Hérode ou de César. Sa mère le mit au monde dans la puanteur d'une étable, forcée d'emmailloter son petit dans ce qu'elle put trouver comme guenilles et de le déposer dans une auge d'âne. Sa vie fut par la suite celle d'un paysan et d'un ouvrier, travaillant à la sueur de son front. Mais ce n'était pas assez :

 

6. « Il s'est rendu obéissant jusqu'à la mort. » Cette phrase lourde de signification dépeint une attitude bien différente de l'élan suicidaire de celui qui plonge dans le vide. Aucun candidat au suicide ne sera jamais « obéissant jusqu'à la mort ». Celui qui possède le courage d'obéir jusqu'à la mort, n'aura jamais crainte d'affronter la réalité, quelle qu'en soit l'issue. Le suicide n'a rien de l'obéissance, il est plutôt désobéissance. Le genre de mort à laquelle Jésus s'est soumis n'était pas un moyen de fuir Ses responsabilités. On ne peut la comparer à celle de Socrate, qui mit fin à ses jours en buvant de la ciguë. Ce fut pour Jésus un voyage aux enfers, la condamnation vivante et consciente de chaque cellule de Son être, sous le regard apparemment désapprobateur de Son Père. La septième et dernière étape de Son humiliation nous le fera voir encore plus clairement.

 

7. « Même jusqu'à la mort de la croix. » Il s'agissait à l'époque de la mort la plus humiliante et la plus dépourvue de toute espérance. Elle ne représentait pas seulement la mort la plus cruelle jamais inventée, non seulement la plus honteuse suspendu là, complètement nu sous les regards de cette racaille se délectant de l'agonie du crucifié. Il y a plus, la mort par crucifixion portait en elle-même une horreur encore plus grande : elle signifiait la malédiction du Ciel pour le crucifié.

 

Moïse, cet ancien écrivain respecté, avait déclaré que quiconque mourait pendu au bois était maudit de Dieu ( Deutéronome 21.23 ). Et nul doute que ceux qui étaient présents le croyaient dur comme fer! Qu'un criminel ait été condamné à mourir par l'épée ou à être brûlé vif, il pouvait encore prier et espérer que Dieu lui pardonne et le traite avec bonté. Il pourrait alors s'en aller en paix.

 

Mais si le juge rendait la sentence : « Il mourra pendu au bois », toute espérance disparaissait à jamais.

 

Tous croyaient que Dieu devait, en principe, se détourner de ce criminel pour toujours. C'est pourquoi Paul mentionne que « Christ est devenu malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois » ( Galates 3.13 ). Telle est la mort que Jésus a soufferte, la mort du perdu, de celui qui devra finalement périr dans un désespoir irréversible que l'Apocalypse appelle « la seconde mort » ( Apoc. 2.11 ). Il est certain que ce fut mille fois plus atroce pour Christ que ce le sera pour eux, car Sa sensibilité à la souffrance était infiniment plus grande que celle de n'importe lequel d'entre nous.

 

Maintenant imaginez un homme cloué sur une croix... Les gens s'amènent en foule pour le chahuter, comme ils le font aujourd'hui au stade. Il est là, comme une vieille carcasse d'automobile sur laquelle les enfants lancent des pierres, rejeté, soumis à la moquerie et à la vengeance, dans une scène d'une horreur indescriptible. Il est interdit à quiconque de ressentir ou d'exprimer la moindre pitié ou sympathie à Son égard, car ce serait désapprouver la condamnation divine! Si vous êtes du côté de Dieu, vous devez lui lancer des oeufs et des tomates pourries. C'est ainsi que pensaient les gens.

 

C'est à cette mort que Jésus s'est soumis. Dans Son désespoir, Il s'écria d'une voix forte : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? » ( Matthieu 27.46 ). Réfléchissez-y un instant en silence, avec révérence. Ce châtiment aurait été le nôtre, dans toute son horreur, si Jésus n'avait pas pris notre place, celle qui nous revenait, à vous et à moi.